Olivier Asselin
Ready-made, collage et montage. Les techniques de l’avant-garde dans le cinéma numérique
Résumé
Avec la « révolution numérique », les opérations spécifiques de l’ordinateur sont devenues de véritables formes culturelles, au même titre que la collection ou le récit dans la culture occidentale. Mais paradoxalement, dans ce mouvement, certaines techniques développées dans l’art de l’avant-garde se sont trouvées réactualisées et centralisées, notamment la sélection et le couper/coller. Les logiciels utilisés dans l’industrie du cinéma—Photoshop (1990), AfterEffects (1993), Softimage XSI (1988, 2000) Final Cut (1998) ProTools (1991)—intègrent ainsi, au cœur même de leur programme, la logique de l’objet trouvé et du readymade, de l’appropriation, du collage et du montage qui a défini l’esthétique de l’avant-garde. Mais, ces logiciels fournissent aussi d’autres outils qui visent au contraire l’effacement des traces du collage et du montage et la production d’une image et d’un son unifiés, d’une surface et d’un espace homogènes et d’un temps continu. Ainsi, s’il renoue peut-être avec certaines procédés des avant-gardes, le cinéma numérique tend néanmoins à poursuivre le programme hégémonique du réalisme.
Bio
Olivier Asselin est professeur au Département d’histoire de l’art et d’études cinématographiques de l'Université de Montréal, où il enseigne l’histoire et la théorie de l’art et la pratique du cinéma. Il s'intéresse aux avant-gardes historiques et à l'art contemporain, à la photographie et aux arts médiatiques. Il a réalisé plusieurs longs métrages de fiction dont La liberté d'une statue et Un capitalisme sentimental.