Frédéric Maurin
L'avant-garde et l'après-coup
Résumé
L’avant-garde, c’est-à-dire la rupture : un pas est franchi, un pas « en avant » ou de côté, susceptible de procurer l’ivresse de la conquête aussi bien qu’un sentiment de déroute. Si les réactions immédiates s’échelonnent sur le continuum de l’enthousiasme et du rejet, le recul permet sans doute l’émergence d’un sens : d’une direction, d’une signification, d’un impact. Aussi bien, pourtant, l’après-coup risque de construire une mythologie et, suivant le schème de l’illusion rétrospective, de transformer la controverse initiale en consensus biaisé. À moins qu’à l’inverse il ne banalise, dans un esprit tant soit peu désabusé, la radicalité de ce qui fit événement ou scandale. En échappant à la myopie du direct, le regard à distance offre une vue panoramique, mais il est aussi menacé par le strabisme de l’idéalisation nostalgique ou du désenchantement cynique. C’est à ce second continuum que nous nous intéresserons, en prenant pour appui les scènes alternatives des années 1960-1970, et pour axe de réflexion les traces qu’elles ont laissées : non pas tant les documents écrits ou visuels que la charge imaginaire qu’elles véhiculent et les influences qu’elles exercent aujourd’hui. Car l’avant-garde ne désigne pas seulement un moment de l’histoire : elle est aussi à vivre comme un héritage.
Bio
Frédéric Maurin est maître de conférences à l'Institut d'études théâtrales de l'université Sorbonne nouvelle Paris-3.
Publications :
L’information, Gallimard, 2000.
Ben Laden. Secret de famille de l’Amérique, Gallimard, 2001.
Train de nuit, Gallimard, 2001.
Peter Sellars, CNRS Eds, 2003.
Robert Wilson, Actes sud, 2010.