Mutations des avant-gardes : Entre art, politique et connaissance
2, 3, 4 et 5 octobre 2011

Nicolas Reeves

 

Architecture : la profusion formelle comme ersatz de manifeste

 

Résumé

Socles théoriques et idéologiques de la conception architecturale, les manifestes architecturaux du siècle dernier associaient quasi systématiquement une stratégie formelle à une position socio-culturelle ou politique. Induisant une organisation particulière de l'espace, les formes qu'ils annonçaient inscrivaient dans la ville et le bâti des projets de société dont elles devenaient en quelque sorte les étendards. Il n'en va plus de même en ce XXIe siècle, où l'innovation morphologique en architecture ne prend plus sa source dans une position sociale, mais décline le potentiel d'outils informatiques à la puissance toujours accrue, et n'est plus limitée que par les techniques industrielles de construction qui peinent à s'adapter à l'évolution rapide des formes nouvelles. La richesse de ces dernières explique en grande partie la volonté des architectes d'en explorer les immenses possibilités, mais occulte le fait qu'à l'exception des rares pratiques de création basées sur la programmation informatique proprement dite, les territoires formels ainsi parcourus se limitent à ceux qui sont accessibles à l'informatique d'application, et ne constituent qu'un sous-ensemble très limité du domaine. Cette situation donne aux concepteurs de logiciels un pouvoir considérable sur le cadre de vie des prochaines décennies. La profusion de formes inédites masque cet assujettissement technologique, et fragilise l'ancrage théorique et intellectuel d'explorations formelles plus séduisantes que convaincantes, aiguillant l'architecture et le design urbain vers une zone floue et turbulente dont les conséquences pour la ville restent incertaines.

 

Bio

Nicolas Reeves est né en 1957. Il est architecte et physicien de formation. Il enseigne à l'Université du Québec à Montréal. Sa pratique est considérée comme emblématique des arts médiatiques canadiens. Son œuvre se caractérise par une utilisation hautement poétique des sciences et des technologies.

Directeur scientifique de l'Institut Hexagram de recherche-création en arts et technologies médiatiques de 2001 à 2008, vice-président de la Société des Arts Technologiques [SAT] de 1998 à 2008, il dirige le laboratoire de design NXI GESTATIO qui a produit des œuvres reconnues telles la Harpe à Nuages ou le projet Self-Assembling Intelligent Lighter-than-Air Structures (SAILS, 2004), un ensemble de cubes robotiques volants dotés d'un ordinateur de bord leur permettant de développer des comportements autonomes.

Bien que les expositions de Reeves soient peu fréquentes, ses œuvres ont été invitées dans le cadre d'événements organisés par le Gouvernement du Québec et ont été montrées dans des centres majeurs tels que le Grand Palais, le Théâtre du Châtelet et la Maison européenne de la photographie (Paris), le Palais de Rumine (Lausanne), les Wood Street Galleries (en:Wood Street Galleries) (Pittsburgh), ITAU Lab (Sao Paulo), le Musée de la Civilisation (Québec (ville)).

Titulaire de plusieurs prix et de nombreuses bourses, il a présenté ses travaux et conférences dans plus d'une douzaine de pays. Il collabore régulièrement avec des équipes de scientifiques ou d'ingénieurs ainsi qu'avec différents artistes, notamment l'artiste franco-italienne Lorella Abenavoli (Le Souffle de la Terre), avec qui il a entre autres développé l'installation NOX MATER qui rend perceptible le passage de particules cosmiques par l'émission de lueurs et de fragments de poèmes. (via Wikipédia)